Le seul peuple excommunié en Espagne se trouve en Aragon

La chaîne de montagnes du Moncayo est le refuge d’histoires séculaires pleines de mystère, de terreur et de magie. Ses recoins ont été témoins d’événements marqués par des abbés, des sorcières, des clans et des malédictions. Et, jusqu’à aujourd’hui, ces échos du passé perdurent dans la petite commune de Trasmoz, à Saragosse, protagoniste de cette histoire.

Située à une dizaine de kilomètres de Tarazona, Trasmoz est une ville maudite qui, plusieurs siècles après avoir été condamnée, reste la seule ville excommuniée par l’Église catholique de toute l’Espagne. Mais qu’ont fait les habitants de la ville pour se retrouver dans ces conditions? Dans cet article, nous vous racontons l’histoire de Trasmoz, la seule ville excommuniée d’Espagne.

L’EXCOMMUNICATION DE TRASMOZ

Nous remontons à l’année 1255, une époque où  Trasmoz était une ville connue pour ses affrontements avec l’Église catholique sur toutes sortes de questions, qu’il s’agisse de la délimitation des territoires ou du refus de la ville d’apporter des ressources à l’entité.

Ses habitants refusèrent de se soumettre à la domination de l’imposant monastère de Veruela, situé à cinq kilomètres de la ville. Les moines de l’ordre cistercien prirent le contrôle du monastère après que le roi Jacques Ier d’Aragon leur eut cédé les droits de propriété. Après plusieurs tentatives infructueuses de soumettre les habitants de Trasmoz à leur domination, un événement se déclencha qui modifia à jamais l’image de Trasmoz.

Un jour, les habitants du village eurent un conflit avec le clergé du monastère à cause de la prétendue propriété du bois de chauffage du Monte de la Mata. Ce conflit conduisit à la décision drastique de l’abbé du monastère,  Andrés de Tudela, d’excommunier le village pour toute l’éternité.

Selon les documents historiques, c’est  le pape Jules II qui a ratifié l’excommunication de Trasmoz au XVIe siècle, à la demande du monastère. Jusqu’à ce jour, l’Église n’a pas retiré le statut d’excommunication à la municipalité aragonaise et Trasmoz reste la seule ville excommuniée de toute l’Espagne.

RAISONS CACHÉES DE L’EXCOMMUNICATION

Même si beaucoup peuvent penser qu’un « simple » conflit à propos du bois de chauffage a fini par provoquer cette excommunication, la vérité est qu’il  y avait d’autres raisons plus importantes derrière tout cela.

Pour commencer, Trasmoz a toujours été connu pour avoir une réputation liée à la sorcellerie et à la nécromancie. L’écrivain Gustavo Adolfo Bécquer en a parlé dans son œuvre « Lettres de ma cellule », qu’il a écrite alors qu’il se remettait de la tuberculose au monastère de Veruela.

L’histoire a déjà montré que certaines de ces légendes ont en réalité été créées et propagées par des moines pour décourager les citoyens de fréquenter les habitants de Trasmoz. Cependant, il a toujours existé une rumeur selon laquelle  le célèbre château de la ville était un centre de rencontres et d’expériences alchimiques dans les arts obscurs.

LA MALÉDICTION DE TRASMOZ

En plus de l’excommunication, en 1512, une autre confrontation entre Trasmoz et le monastère déclencha la malédiction sur la municipalité. La situation commença à cause d’une confrontation à propos de l’eau, une ressource vitale pour la survie de la ville. Lorsque le seigneur de Trasmoz,  Pedro Manuel Ximénez de Urrea, affronta l’abbé du monastère de Veruela à cause du détournement du cours d’eau vers le couvent, la réponse de l’Église fut de jeter une malédiction sur Trasmoz.

Selon les récits,  l’abbé aurait recouvert le crucifix de l’autel d’un voile noir et aurait récité le Psaume 108 de la Bible, connu pour être une malédiction de Dieu contre ses ennemis.

Tous ces événements ont accru, au fil des siècles, le fait que Trasmoz reste la seule ville excommuniée d’Espagne. Cependant, malgré la gravité de cette situation,  les habitants de la commune ont profité de ces croyances populaires pour les utiliser comme traditions et attractions touristiques. Certaines de ces activités rappellent la célébration de fêtes païennes et d’anciens rituels qui se déroulaient il y a des siècles.

HALLOWEEN À TRASMOZ

Comme il ne pouvait en être autrement, à ces dates spéciales, alors que la nuit d’Halloween approche, Trasmoz profite toujours de son passé chargé de mysticisme pour rendre hommage aux morts de la manière la plus spéciale.

C’est pour cela que  samedi prochain, le 2 novembre,  la ville aragonaise célébrera sa traditionnelle fête  «  Luz de las ánimas  ». Cet événement aura un programme qui couvrira un horaire   de 10h00 à 00h00 , et qui comprendra des activités telles que  la collecte et le vidage de citrouilles ,  un repas populaire,   divers concerts et spectacles  et, bien sûr, une  terrifiante visite des rues,  de l’église et du cimetière de la ville.

Alors, si vous cherchez à vous immerger dans le folklore d’une ville qui représente le courage, la rébellion et un passé plein de légendes spirituelles,  n’hésitez pas à visiter Trasmoz pendant ces jours.

COMMENT ARRIVER À TRASMOZ

Se rendre à la municipalité de Saragosse est un processus simple, avec  plusieurs options de transport  dont  la voiture, le bus, le train ou le taxi:

– Si vous souhaitez opter pour l’ option  voiture, il vous suffit d’emprunter l’AP-68 puis de faire un détour par la N-122  en direction de Monasterio de Veruela, Tarazona et Sierra del Moncayo. Après être passé à proximité de villages comme Magallón, Borja ou Bulbuente, vous arriverez à Trasmoz.

– Si vous préférez opter pour le  bus, dans le cas de Saragosse,  la gare routière centrale propose un bus toutes les quatre heures avec un trajet de 57 minutes jusqu’à Bulbuente. Une fois arrivé à Bulbuente, il vous suffira de  prendre un taxi, qui vous emmènera à Trasmoz en dix minutes environ.

– Enfin, il y a le   trajet  en train. La gare de Saragosse-Delicias propose un train pour Tudela de Navarra toutes les heures. Le trajet dure 43 minutes. Une fois arrivé à Tudela, vous devrez commander  un taxi  qui vous emmènera à Trasmoz en 36 minutes environ.