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Essais de trains à hydrogène à Canfranc. Photo : Adif

La SNCF n’exclut pas d’implanter des trains à hydrogène à Canfranc dans le futur

L’entreprise française privilégie l’électrification dès le départ en raison de la puissance requise par le fret

Marcos García Díaz mardi, décembre 10, 2024 / 11:56

La réouverture de la ligne ferroviaire internationale de Canfranc  entre Saragosse et Pau a pour  principal obstacle son  impact environnemental. C’est là que réside l’essentiel des réticences exprimées lors de la période d’enquête publique qui a débuté en septembre dernier dans la région française de Nouvelle-Aquitaine, tant en raison des effets que les travaux provoqueraient dans les zones protégées qu’en raison de l’utilisation de combustibles fossiles, bien que la société SNCF travaille sur l’idée de tirer le meilleur parti des possibilités d’une  ligne électrifiée, adaptée aux temps nouveaux, et ne soit pas fermée à la mise en œuvre de trains à hydrogène à l’avenir.

C’est l’un des points clés révélés cette semaine à l’issue d’une réunion qui s’est tenue fin novembre dans la ville française d’ Accous. La principale compagnie ferroviaire du pays a fait valoir qu’aujourd’hui, l’électrification est l’option la plus efficace en raison des particularités du terrain. Certains points du tronçon français ont des pentes allant jusqu’à 400 mètres et nécessiteraient une puissance qui, selon elle, n’a pas été prouvée avec l’utilisation de l’hydrogène et encore moins avec les trains de marchandises. Elle fait également allusion à des raisons économiques.

Les représentants de la SNCF insistent sur le fait qu’il  ne s’agit pas d’un rejet de cette option verte, puisqu’ils ont mené plusieurs expérimentations dans d’autres régions de France, bien que limitées aux  modes légers et aux TER. Dans une réponse au groupe H2Aspe, ils soulignent que « la  priorité  » est de « garantir la mise en œuvre d’un  projet fonctionnel et fiable  », critères que remplit la formule initiale.

S’il n’était pas destiné aux trains, l’hydrogène pourrait être utilisé à d’autres fins complémentaires, estiment-ils. Par exemple, pour alimenter les systèmes de signalisation sur la ligne de Pau et dans les gares. « Son potentiel est prometteur, surtout dans une vallée comme celle-ci, et nous allons le surveiller de près car il y a des synergies à envisager », précisent-ils. Pour l’instant, il est question d’alimenter le système d’électrification avec de nouvelles centrales photovoltaïques.

Il convient de rappeler le cas de l’entreprise franco-espagnole Dhamma Energy, dédiée à la production de cette source d’énergie. En 2020, elle a mis sur la table un projet de promotion du train à hydrogène entre Saragosse et Pau, qui a reçu le soutien des gouvernements d’Espagne et d’Aragon. La construction de sa nouvelle usine à Plascencia del Monte (Huesca) devrait débuter en 2025, précisément l’un des points par lesquels passerait la ligne internationale et qui fait l’objet de travaux d’amélioration de la part de l’ Adif, même si ceux-ci progressent avec retard.

Des enquêtes publiques ont révélé l’ étendue des actions que la SNCF compte mener pour minimiser les atteintes à l’environnement. Elle s’est par exemple engagée à planter des végétaux aux  passages à niveau qui pourront servir à assurer la continuité des «  sections vertes  ». L’exploitant a prévu diverses actions préventives et compensatoires concernant les nappes souterraines et envisagera, dans la mesure du possible, de limiter l’utilisation de produits chimiques pour éviter les fuites. La feuille de route prévoit une protection particulière pour la partie monumentale du tunnel du Somport et du  tunnel de Sayerce.

Image d'archive de la gare internationale de Canfranc
Image d’archive de la gare internationale de Canfranc

Pendant la durée des travaux et en fonction du résultat final, de nouvelles pistes agricoles et d’élevage seront créées si nécessaire. L’objectif est de préserver l’accès des propriétaires à leurs terres. De même, l’utilisation des camions sur les axes principaux sera  minimisée  afin d’éviter des déplacements plus nombreux que strictement nécessaires. Certains de ces déplacements pourront être effectués sur les routes créées après la suppression des anciennes pistes.

Un autre front ouvert est celui des espaces protégés le long des 85 kilomètres qui séparent Canfranc et Pau. Concrètement, selon le SNFC dans le dossier d’enquête, il existe douze zones naturelles d’intérêt écologique pour la faune et la flore, trois d’ importance particulière  pour la conservation des oiseaux et un parc national, celui des Pyrénées. Il faut y ajouter une zone naturelle « sensible », huit zones du réseau Natura 2000 et jusqu’à quatorze zones soumises à la loi forestière française. À cet égard, il est prévu de mettre à jour le rapport environnemental préparé en 2021.

CONNEXION DIRECTE SARAGOSSE-ARTIX POUR MARCHANDISES

L’un des principaux sujets de la réunion, en termes de logistique, est venu du Gouvernement de la Nouvelle-Aquitaine. Les dirigeants de la région française étudient la possibilité de créer une plateforme logistique entre Lacq et Artix avec un point pour le transfert de marchandises. Il s’agit d’une zone à la fois industrielle et ferroviaire et qui aurait une connexion directe avec Saragosse pour ce type de convoi.

Parallèlement, l’Adif a commencé l’étude informative pour la connexion du  corridor Cantabrique-Méditerranée et Canfranc. La capitale aragonaise ou la  zone de Tardienta pourraient être habilitées comme nouveaux points de chargement et de déchargement, selon le ministère des Transports.

VOTE LE 16

Le 16 décembre, les sondages publics se concluront par le vote pour ou contre le projet. On s’attend à   la présence des présidents d’Aragon et de Nouvelle-Aquitaine, Jorge Azcón et Alain Rousset. Cette semaine, la DGA a fait part de son optimisme quant au  vote du « oui », qui représenterait un coup de pouce social à une initiative stratégique, de demande historique et dans laquelle des progrès ont été réalisés ces derniers temps avec des dirigeants de l’une ou l’autre enseigne, indépendamment de l’ instabilité  du gouvernement français.

La motion de censure lancée par le Front national de Marine Le Pen et la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, deux pôles politiques opposés, a fait tomber cette semaine le Premier ministre Michel Barnier, trois mois à peine après son entrée en fonction. Avec lui, le patron des Transports, François Durovray, est en suspens. Lorsque le président Emmanuel Macron nommera son remplaçant, quatre personnes auront occupé ce portefeuille ministériel en un an.