Le ministre de l’Agriculture du gouvernement d’Aragon, Javier Rincón, a évoqué cette semaine la possibilité d’ explorer le marché asiatique, et plus particulièrement le marché chinois, en réponse à la menace de droits de douane de 20 % imposés par les États-Unis à l’Union européenne. La guerre commerciale déclenchée par le président Donald Trump, au détriment de la clarification de son impact, est le dernier épisode d’une série d’événements qui ont rapproché la Communauté du géant asiatique, protagoniste par exemple d’investissements de plusieurs millions de livres dans le secteur automobile ou les nouvelles technologies.
Bien que ce ne soit pas le seul marché à explorer, selon Rincón et d’autres représentants de la DGA, la crise tarifaire potentielle incite l’Aragon à se tourner vers son huitième exportateur. L’année dernière, seuls ses voisins, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal, le Royaume-Uni, la Turquie et la Pologne, se situaient au-dessus de la Chine, selon les données du Département des douanes de l’Agence fiscale compilées par l’Institut aragonais de statistique (IAEST).
Le pays dirigé par Xi Jinping capte 2,84 % des expéditions d’Aragon, pour une valeur de près de 476 millions d’euros (475 913 339 €), et représente une mine d’or pour le porc. C’est ce qu’indique un rapport du gouvernement régional lui-même de septembre dernier, basé sur les données de l’Icex, le virus de la peste porcine sur le territoire chinois ayant marqué un tournant à la hausse, au point d’atteindre le pic d’exportation à ce jour en 2020 (753 millions d’euros). En 2023, le chiffre était d’environ 320 millions d’euros, et entre janvier et juillet de l’année dernière, 185 millions d’euros entre la viande fraîche ou réfrigérée, la viande congelée, les jambons et les épaules.
Cependant, malgré le ralentissement qui a entraîné une baisse de 57,5 % , la Chine est restée la principale destination du porc aragonais en 2023, devant l’Italie (244,97 millions), la Pologne (188,85), la Roumanie (176,23), le Japon (153,84), la France (128,24) et la Corée du Sud (103,80). C’est également la principale destination de l’Espagne dans son ensemble, avec des mouvements dépassant 1,2 milliard d’euros (1 205,96). Cette baisse a également pour conséquence d’avoir « considérablement réduit la dépendance du secteur porcin aux exportations » vers le géant asiatique, un problème qui avait causé des maux de tête à la fin de l’année dernière, également en raison des droits de douane, bien que cette fois-ci du gouvernement chinois sur le porc et en réponse aux taxes sur les véhicules électriques.
Le poids du marché chinois augmente par rapport aux importations. Il était le deuxième plus utilisé par l’Aragon en 2024, selon l’Iaest, et représente 12,96 % avec 2 251,8 millions , juste derrière la France (3 358,2) et ouvrant un écart significatif avec l’Allemagne, le Maroc, le Portugal ou l’Italie. D’après les séries historiques, l’Aragon exporte vers la Chine environ 350 millions de plus qu’il y a dix ans, bien que l’augmentation n’atteigne pas un point de pourcentage (2,06 % en 2014 et 2,84 % en 2024), et importe 1 227 de plus (12,19 % à 12,96 %).
LA GIGAFACTORY, LEAPMOTOR ET LE VOYAGE CHUECA
Ces derniers mois, et sur des fronts qui transcendent la sphère régionale grâce à l’implication du gouvernement espagnol et de plusieurs multinationales, le véhicule électrique a constitué un lien supplémentaire entre la région et le pays le plus peuplé du monde. En décembre, l’arrivée de la gigafactory CATL dans l’ usine Stellantis de Figueruelas a été officialisée grâce à l’accord avec l’entreprise américaine. L’investissement, de plus de 4 milliards d’euros, et l’horizon de pleine exploitation d’ici 2028 en font « l’un des projets les plus importants au monde », selon le ministre de l’Industrie, Jordi Hereu.
Dans le sillage de l’usine de batteries, les rumeurs concernant d’autres constructeurs automobiles chinois n’ont fait que s’amplifier. Selon Bloomberg, Leapmotor envisagerait d’investir 200 millions supplémentaires à Figueruelas pour la fabrication d’un SUV électrique il y a quelques semaines. Des rumeurs sur l’arrivée possible d’une usine MG chinoise circulent depuis plus longtemps encore, bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été apportée et que le gouvernement aragonais oscille entre prudence et ouverture.
Le gouvernement régional prévoit de créer sa propre route commerciale via la Chine, comme l’a fait la maire de Saragosse, Natalia Chueca, en février, afin de renforcer ces liens. La maire a notamment visité le siège de la compagnie pétrolière nationale. Accompagnée de représentants d’entreprises, elle s’est rendue à Pékin, Nanjin, Jiaxing, Haining et Shanghai et a annoncé l’arrivée du groupe TDG, fabricant de batteries et autres dispositifs de stockage d’énergie, dans l’entreprise.